Mon avis (honnête) sur l’hyperflexion

hyperflexion dressage

Le sujet qui fâche… Et pourtant je pense qu’il était grand temps que j’en parle ici !

𝗧𝗼𝘂𝘁 𝗱’𝗮𝗯𝗼𝗿𝗱, 𝗹’𝗵𝘆𝗽𝗲𝗿𝗳𝗹𝗲𝘅𝗶𝗼𝗻, 𝗾𝘂’𝗲𝘀𝘁-𝗰𝗲 𝗾𝘂𝗲 𝗰’𝗲𝘀𝘁 ?

« 𝘓’𝘩𝘺𝘱𝘦𝘳𝘧𝘭𝘦𝘹𝘪𝘰𝘯 𝘦𝘴𝘵 𝘶𝘯 𝘦𝘯𝘳𝘰𝘶𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦 𝘭’𝘦𝘯𝘤𝘰𝘭𝘶𝘳𝘦 𝘦𝘵 𝘶𝘯𝘦 𝘧𝘭𝘦𝘹𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘯𝘶𝘲𝘶𝘦, 𝘭𝘦 𝘣𝘰𝘶𝘵 𝘥𝘶 𝘯𝘦𝘻 𝘴𝘦 𝘳𝘢𝘱𝘱𝘳𝘰𝘤𝘩𝘢𝘯𝘵 𝘥𝘶 𝘱𝘰𝘪𝘵𝘳𝘢𝘪𝘭 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘶𝘯𝘦 𝘢𝘵𝘵𝘪𝘵𝘶𝘥𝘦 𝘲𝘶𝘪 𝘯’𝘦𝘴𝘵 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘯𝘢𝘵𝘶𝘳𝘦𝘭𝘭𝘦. « 

➡️On parle donc ici d’une attitude contrainte, forcée, dans un ramener exagéré.

Or cette définition a été détournée, et on entend maintenant parler d’hyperflexion dès qu’un cheval passe le chanfrein en arrière d’une ligne verticale.

On en vient donc à confondre hyperflexion, rollkur, LDR, extension d’encolure, rondeur… Bref un joyeux pêle-mêle où tout le monde sur les réseaux sociaux est subitement devenu coach / expert en biomécanique / cavalier pro (rayer la mention inutile)

𝗟𝗲 𝗰𝗵𝗮𝗻𝗳𝗿𝗲𝗶𝗻 𝗱𝗲𝗿𝗿𝗶𝗲̀𝗿𝗲 𝗹𝗮 𝘃𝗲𝗿𝘁𝗶𝗰𝗮𝗹𝗲, 𝘂𝗻𝗲 𝗮𝘁𝘁𝗶𝘁𝘂𝗱𝗲 𝗮̀ 𝗯𝗮𝗻𝗻𝗶𝗿 ?

Le problème de ce raccourci simpliste, c’est que l’observation du cheval ne se base dans ce cas que sur l’observation du chanfrein du cheval et aucunement sur le reste de son fonctionnement : propulsion, souplesse du dos, décontraction…

❗Si l’hyperflexion (ou rollkur) est bien entendu à bannir totalement en raison des effets néfastes qui ne sont plus à prouver (lésions au niveau des cervicales, impact sur le mental du cheval…), on ne peut pour autant condamner le moindre chanfrein en arrière de la verticale.

✅ Un cheval rond, dans une attitude relâchée, décontractée, sur un contact souple et une bonne connexion au niveau du dos : c’est une attitude de travail totalement OK et bénéfique pour le fonctionnement du cheval et il ne s’agit PAS d’hyperflexion, même si le chanfrein passe en arrière de la verticale.

Un chanfrein derrière la verticale ne suffit pas à juger de la qualité d’une attitude ou d’un fonctionnement : tout dépend de la morphologie du cheval, de l’angle tête-encolure, de l’orientation de la base d’encolure et du garrot…

Ce qui caractérise l’hyperflexion, c’est l’exagération, la force et la contrainte, pas la sacro-sainte verticalité du chanfrein.

𝗡𝘂𝗾𝘂𝗲 𝗹𝗲 𝗽𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗹𝗲 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗵𝗮𝘂𝘁 𝗲𝘁 𝗰𝗵𝗮𝗻𝗳𝗿𝗲𝗶𝗻 𝗱𝗲𝘃𝗮𝗻𝘁 𝗹𝗮 𝘃𝗲𝗿𝘁𝗶𝗰𝗮𝗹𝗲

Cette attitude est celle attendue dans le rassembler. Or, elle impose au cheval d’importantes contraintes musculaires et ligamentaires. Imposer cette attitude à un cheval qui n’en est pas prêt physiquement, ou bien l’imposer de façon prolongée, est tout aussi néfaste que de pratiquer l’hyperflexion.

J’ai l’habitude de le dire à mes cavaliers : remonter la nuque et mettre le chanfrein devant la verticale, ça prend 5 minutes ; le faire avec un dos en place, ça prend des années 😉

𝗘𝘁 𝗾𝘂𝗲 𝗱𝗶𝘀𝗲𝗻𝘁 𝗹𝗲𝘀 𝗲́𝘁𝘂𝗱𝗲𝘀 ?

On entend beaucoup parler sur les réseaux sociaux « d’études » scientifiques qui prouveraient l’aspect néfaste du chanfrein en arrière de la verticale.

💡Ce qu’il en ressort quand on prend le temps d’aller lire ces fameuses études :

– la plupart ne sont pas des études mais simplement des extraits issus de livres (en soit chacun peut bien raconter ce qu’il veut dans son bouquin)

– nombre de ces « études » ne suivent pas de réelle démarche scientifique, présentent des panels de chevaux très restreints, sont biaisées et n’ont donc aucune recevabilité scientifique.

– et pour le petit nombre restants qui démontrent effectivement les aspects néfastes de l’hyperflexion, elles parlent bien de sa forme exagérée : le rollkur. On est loin du chanfrein légèrement derrière la verticale dans une attitude basse, ronde et décontractée.

𝗢𝗯𝘀𝗲𝗿𝘃𝗲𝘇 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗵𝗲𝘃𝗮𝘂𝘅 !

En bref, avant de hurler à l’hyperflexion ou d’accuser un cavalier sur les réseaux sociaux, posez-vous les bonnes questions :

👉 S’agit-il uniquement d’une photo ou bien d’un extrait vidéo ?

👉 Suis-je en capacité d’évaluer correctement les différents observables de ce cheval au travail (décontraction, souplesse, propulsion, connexion, qualité du contact…) ?

👉 Ai-je en ma connaissance suffisamment d’informations qui me permettraient de juger le travail de ce cavalier (passé du cheval, avancée dans le travail…) ?

Alors avant de hurler à la maltraitance et à l’incompétence en voyant une photo sur Facebook, on respire, on prend un Xanax, on réfléchit, on analyse, on se pose les bonnes questions et après éventuellement on discute (d’ailleurs ça vaut pour plein d’autres sujets).

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